Un travail

Un travail
Il avait passé son enfance dans une petite ville. Il avait écouté ses parents. Il s'était ennuyé à l'école et à la maison. La télévision était venue boucher une partie de cet ennuie. Ses copains l'avaient aussi entraîné dans des aventures. Mais tout ce qu'il avait fait, il l'avait fait en référence à ses parents. Le fils pouvait choisir une autre voix que celle du père. Il ne s'agissait pas d'être le fils prodigue, mais de prendre un chemin parmi mille. Et le chemin qui menait ailleurs etait un chemin nouveau.
Etudiant, il avait découvert de nouveaux être humains. Même si ceux-ci n'avaient pas la richesse d'une émission de télévision, ils avaient une richesse que ne possède pas la télévision : Le dialogue. Il avait compris que la télévision etait une drogue, qu'elle donnait l'impression d'être avec l'autre. Il n'eut plus jamais de télévision, car il en avait eu sa dose. Quand il regarda la télévision, ce fut avec des copains ou avec des gens de sa famille.
Et il trouva un travail. Mais à cet instant il se mit à chanter :
" Tune all your voices and instruments, play to celebrate, to celebrate this triumphant day " Faites chanter vos voix et vos instruments, jouez pour célébrer ce jour de triomphe. Jette la télévision, parler à l'autre ne suffisait pas. Il avait joint sa voix à d'autres voix dans un chur. Il leurs avait dit : " Je viens retrouver mon âme ". En réalité il venait chercher son âme. Il adorait la musique. Il avait joué seul pendant des années. Il avait accompagné une fois au piano deux étudiantes, mais celles-ci étaient plus préoccupées par leurs études que par la musique
Son épouse lui avait demandé de partir, il était donc allé chercher son âme à l'Ouest car ici il n'y avait plus rien. A l'Ouest il n'avait pas découvert le travail mais un orchestre sur ordinateur. Il avait fait un disque. Il l'écoutait, et il trouvait que son âme était bien seule là dedans. Il avait aimé le cur de l'Armée rouge chanter avec les voix des autres.. Schotka: Suppression de postes à Baîkonour: Encore une entreprise trop centré sur son activité militaire.
Dans la cour un damier rouge et blanc faisait un va et vient incessant. Des grands cubes de tôles bleus, aussi gigantesque que des silos à grains abritaient des sonars.
Il travailla à leur mise au point. Pourquoi avait-il choisi de tels engins ! Il aimait l'espace, et tout ce qui occupe l'espace. Il avait rencontré l' acoustique d'un mit, d'un téléphone dans des ateliers qui lui semblaient oppressants. Il n'était pas claustrophobe. Il avait dormi dans une grotte, dans une cabane de bergers, sous la tente, dans le cockpit d'un bateau. Mais pour vivre, il lui fallait l'espace. Sa chambre d'étudiant était trop petite, il préférait vivre dans le parc. Et sa chambre de travailleur était trop petite. Il la quittait pour aller au parc en train. Il occupait ces heures de déplacement à lire les livres de la bibliothèque du foyer.
Il aimait les plafonds hauts. Il avait passé une partie de son enfance dans une masure agréable : Les plafonds étaient hauts. Quand il se levait, il voulait voir tout de suite le jour. Il n'était pas gêné de vivre avec des fenêtres sans rideau. Mais maintenant il était habitué à dormir dans le noir.
Il travailla quatre ans sur les sonars. Il joua au foot dans l'équipe de l'entreprise. Mais, il aimait plus jouer que gagner. Les supporters, il aurait préféré les voir courir que faire chier : " Rentre-lui dedans... " L'homme ne sait-il pas s'amuser sans à avoir à se gratter les puces en même temps ? Aussi, il arrêta de jouer en club. Il trouvait plus de satisfaction à jouer au parc avec des mordus de foot, comme d'autres jouent sur les plages de Copacabana.
Le parc était loin. Il chercha une nouvelle entreprise car après quatre ans il voulait une autre aventure. Et par hasard il trouva une entreprise dans le coin du parc. Il travailla sur la signature acoustique des caméras thermiques.
Il roulait à vélo. Il se trouvait en forme pour travailler. Et jusqu'à présent il avait toujours fait ses allées et venus de son logement à vélo. Il n'aimait pas attendre les bus, et il ne pouvait pas lire dans les bus, car il attrapait le mal de mer.
Mais le temps passait. Il voyait bien qu'il n'avait plus 20 ans. Quel projet de vie avait-il ? Il avait la sécurité de l'emploi, cette sécurité aimée des mères. Mais dans son travail, dans sa musique, dans ses jeux, un vide. Où étaient-elles donc ? Il se le demandait. Lui qui prétendait aimer les grands espaces, il avait réduit son espace à son parc, son travail, ses copains et copines de la cité.
Il me dit : " L'Allemagne de l'Est m'a sauvé. "
Il venait de démissionner. Il s'ennuyait au boulot.. Il aurait aimé faire de l'informatique, mais on le laissait à sa place. Il venait de démissionner sans avoir trouvé d'autre entreprise. Sa mère était horrifiée. Il ne rigolait pas car il voyait sa mère horrifiée. Mais il aurait eu envi de rire :
" Comment, je n'ai pas à nourrir 11 enfants ". économies. Il cherchait du travail mais il n'en trouvait pas. Il bricolait son système informatique qui n'avait aucun sens, car complètement inadapté au besoin du marché. Il voulait faire de l'informatique, mais il était accousticien. Il ne voulait pas faire de l'informatique de gestion, celle qui trafique de la masse : Les payes, les comptes, les gens, mais de l'informatique industrielle, celle qui mesure une température, un débit, un poids ; celles qui fait des plans, des dessins, des images. Mais il était acousticien. Pendant ce temps son ancienne entreprise licenciait. Le mur de Berlin allait tomber : " Qui veut de ces trucs qui ne serviront plus à rien ? ". L'ennui venait de là. L'entreprise mère avait senti que sa fille n'avait plus de raison d'être dans ce type activité. Dans le système communiste une mère peut vendre sa fille.